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│Oui, ce geste peut sembler enfantin, inapproprié lorsqu'il est effectué par certains.
Peu importe. Il n'est cependant pas ridicule. Loin de là.
Il n'est que le symbole de la dure réalité des dirigeants congolais et de la population d'un pays autoproclamé « tout ce que vous voulez » et qui, depuis des années, ont sur leur tempe– certains en sont conscients, d’autres non- ont sur la tempe de leurs enfants, de leurs conjoints, sur la tempe de leurs frères et sœurs, des membres de leurs familles, de leurs voisins et amis, un canon d'arme à feu, si ce n'est la lame d'une machette au cou.
La pression des armes, la pression de la violence et de la guerre mais aussi la pression de la puissance de l'argent, de la corruption, de l’avidité, de la cupidité et la pression du pouvoir tout court qui les menacent de mort si jamais ils osaient parler, si jamais ils osaient dénoncer.
Tout le monde sait au pays, mais tout le monde se tait, à quelques exceptions près.
Tout le monde voit sans voir.
Alors oui, après plus de 25 ans, se taire devient pesant.
Et à défaut de dire et de citer les noms des États, des multinationales et de leurs responsables, des intermédiaires et de tous leurs complices locaux et extérieurs, directs ou indirects - et de risquer sa vie en devenant lanceur d'alerte - oui, il y a ce langage en signe qui peut sembler dérisoire et sans force, mais qui crie à qui veut bien l’interpréter : « Contraints de nous taire face aux tueries, aux massacres, aux viols et crimes innommables commis sur les nôtres pour un coltan et des minerais de sang. »
Oui, ce geste peut être assimilé à un aveu de faiblesse et d’impuissance, même d'une lâcheté avérée.
Car quel congolais, qui, hormis nos vaillants soldats et quelques autres miliciens, est décidé et prêt à verser son propre sang, celui des siens, de ses propres enfants pour sa patrie, ici et maintenant ?
Qui est prêt à renoncer à son smartphone dernier cri de marque, à telle nouvelle technologie issus des entrailles du sang de ses compatriotes ?
Qui décide de ne plus aller en villégiature, de se faire soigner ou de cesser d’envoyer ses enfants étudier sous des cieux tempérés, dans les pays des commanditaires et des bénéficiaires du sang des enfants du Congo ? Qui ?
Mais ce geste n'est ni anodin ni inutile dans le monde 2. 0 de l’homo digitalis.
Il fédère là où les discours de mobilisation sont limités.
Il transcende les différences quelles qu'elles soient.
Et surtout, il n'est pas que destiné à la consommation locale. Il est, ce mime qui n'est pas du tout comique, destiné à l'opinion publique extérieure.
Il est pour Monsieur et Madame Tout-Le-Monde, particulièrement des pays qui sont et font la « Communauté internationale ».
Ce Monsieur et cette Madame qui croient et qui pensent que, parce qu'ils votent leurs élus et autres exécutifs, la politique étrangère de leur gouvernement en Afrique est celle de Tintin au Congo, généreuse, condescendante, éducatrice et civilisatrice.
Ce doigt pointer cette bouche muselée doit les déranger. Ne pas laisser leur conscience tranquille. Car alors, ils ne laisseront pas tranquilles ni leurs gouvernements ni leurs entreprises multinationales ni leurs milliardaires entrepreneurs.
Est-il plus facile de payer le prix du sang, celui de sa vie ou de faire ce gestuel muet pour sa patrie ?
Suivez le circuit de l'argent. Citez les noms de ceux qui s’enrichissent par les viols et atrocités à l'est de la République démocratique du Congo. Citez les noms des bénéficiaires du coltan et des minerais de sang !
Encore un peu de temps et c'est maintenant. La bouche fermée parlera canon sur la tempe ou pas.
Assez c’est assez ! Enough is enough!
Pour ceux qui le peuvent. Pour ceux qui ont le courage. Pour ceux qui sont appelés :
« J'irai parler pour ceux qui n'ont pas de voix. J'irai plaider pour les droits des hommes exploités, proclamer droit et justice, protéger le pauvre et l’opprimé et relever le faible au nom du Christ ». (Couplet d’un chant de Jeunesse en mission)
#DRCBloodColtanAndMineralsPapers